1979 – 22’20
Entre Terre et Ciel est un espace flou, imaginaire (je suis dans mon lit mais aussi dans ma chambre, ma maison, ma ville, mon pays, le monde, dans …) Succession de lieux non délimités dans le temps, différents en couleur, en densité et en transparence et dont les éléments qui les occupent s’apparentent, de par leur caractère, leur morphologie, leur mouvement, voire l’attention subjective qu’on leur porte, à ceux de la terre, du feu, de l’air et de l’eau. Ces éléments vont et reviennent, s’affrontent et s’épousent sous des éclairages différents, traversant ainsi des zones d’ombre, de confusion, d’effacement ou de lumière.
Le thème d’Icare n’est plus très loin : séjour dans le labyrinthe des morphologies entremêlées du coeur de la terre et dans celui de la transparence infinie de l’air. Traversée des surfaces, des écrans, des zones de turbulence ou de quiétude. Parcours de la tessiture, des régions où se concentrent les grondements souterrains et les entités graves, des registres propres aux objets brillants qui se heurtent et se brisent, des lieux où se mêlent les souffles, les échos et les réminiscences aux granulations suraiguës. Mouvement centripète, de tourbillon, d’aspiration vers le gouffre; mouvement d’éruption, d’éclatement des projectiles occupant l’espace.
Lieux d’attirance, de contacts, de répulsion, d’arrêts, de poursuites, de chute et d’envol.Certaines formes imagées peuvent acquérir, dans l’écriture de la phrase musicale, une destinée particulière pour leur analogie avec des images élémentaires ou des archétypes de mouvement. Dans Entre terre et ciel, la réalité est diluée dans l’élan kinesthésique des figures. Pas, sauts, détonations, chocs et bruits organiques brefs et divers sont travaillés et développés exclusivement dans le sens de leur profil dynamique, lavés de leur signification originelle. Seule subsiste une ossature pulsionnelle et stylisée proche de l’abstraction.