Funambu(r)lesquerie en 14 séquences sur des textes de Alfred Jarry.
pour soprano, mezzo-soprano, baryton, deux saxophones baryton et bande magnétique
2000-2001 – 73′ 14
1. Mère Ubu reproche à Père Ubu son manque d’ambition : 7’54.
2. Les Ubu invitent à dîner un capitaine de l’armée polonaise et ses partisans mais la saveur des mets n’est guère appréciée par Père Ubu ni par les convives : 5’39.
3. Le capitaine s’étant allié au projet de conspiration de Père Ubu, celui-ci monte sur le trône de Pologne et décide de tuer tous les riches pour s’emparer de leurs biens : 8’33.
4. Pendant un premier intermède, un quiproquo s’installe entre Père Ubu et sa conscience à propos de l’image, concrète ou abstraite, d’un crocodile : 7′.
5. Dans la guerre que lui fait le Czar de Russie pour le punir, Père Ubu tente de remporter une bataille en s’installant dans un moulin à vent mais il tergiverse pour aller manger et écouter les louanges que lui chantent les soldats… : 9’53.
6…Jusqu’au moment où un boulet russe lui frôle la tête en arrachant une aile du moulin : 1’19.
7. Au cours d’un second intermède, on entend une chanson qui paraît venir du couvent alors que les propos semblent plutôt dignes d’un poste de corps de garde : 4′.
8. Mère Ubu est d’humeur gaillarde et minaude… : 2’54.
9. …Mais Père Ubu, faisant irruption, énonce les supplices qu’il lui réserve: 3’26.
10. Durant un troisième intermède, il est question du choix d’une paire d’écrase-merdres (matière qu’il serait trop facile d’évoquer au sens propre et qui est plutôt la métaphore de l’infâme bouffissure qui loge dans la tête de l’homme) : 4’14.
11. Fatigué par les avatars du pouvoir, Père Ubu déclare à sa femme son désir d’obéir désormais et de devenir esclave : 3’05.
12. Où Père Ubu se trouve dans une situation d’obéissance mais il fait le contraire de ce que commande le caporal : 5’08.
13. Père Ubu devient larbin et tient le buffet d’un raout mais, personne ne venant, il se croit obligé d’inviter de force l’hôtesse à valser : 5’53.
14. Suite et fin sans paroles, car il n’y a plus rien à ajouter (sauf le mot final qui du reste est le même que celui du début) : 4’16.
J’éprouve de la sympathie pour Ubu, à la fois rodomont et patte-pelue, couard et cupide. Il me plaît car je trouve en lui un personnage humain et mythique, plongé « jusqu’au cou » dans ses excès et ses contradictions, allant ainsi inéluctablement vers sa destinée d’imbécile. Il est certainement une des meilleures figures de l’histoire du théâtre. Sans doute, comme l’ont déjà dit d’autres avant moi, Ubu est un personnage, à la fois moderne et ancien, qui résume assez bien la tradition burlesque allant de la Commedia dell’arte et de ses personnages jusqu’à La Cantatrice chauve en passant par Scapin ou Falstaff, Guignol ou le Punch anglais. Il est éminemment plastique et c’est pourquoi j’ai tout de suite pensé que j’aurais à revenir sur la version de concert que j’en avais faite.
Alfred Jarry n’est pas l’auteur véritable de la pièce d’Ubu roi ; il ne l’est que par procuration, mais il est certainement le seul à avoir voulu prendre le Père Ubu au sérieux, comme un véritable personnage de théâtre, à avoir pris à bras le corps, pour nourrir son imaginaire, cette histoire de potaches rigolards et frondeurs, ses camarades de classe qui, eux, n’y ont jamais cru : Jarry a continué à écrire les aventures d’Ubu au travers de plusieurs autres pièces et de textes variés.